17.11.09

Qu’est-ce qu’un bon Digg-like ?

Digg demeure un incontournable de l’information chaude sur internet, particulièrement dans les domaines tech et web, même s’il est indéniable que Twitter a là aussi quelque-peu marché sur ses plate-bandes.
Mais si l’on doit admettre que Twitter a donné un léger coup de vieux au pionnier de l’information collaborative avec système de vote, en réalité la forteresse n’est que peu ébranlée par la secousse sismique de l’info temps réel.
digg

Le vote dans l’ADN du web

Car Digg a inventé un nouveau paradigme : ce paradigme c’est le fameux bouton de vote, répandu rapidement comme une traînée de poudre dans toutes les strates du web, y compris chez Google (vous pouvez « voter » pour hiérarchiser les résultats de recherche) au point d’être devenu une fonction aussi banalisée et vitale que le lien hypertexte. Et Digg sait s’adapter pour rester sexy, en implantant par exemple de nouvelles fonctions comme l’expérimentation Digg Trends, censée apporter davantage de réactivité à la homepage.
Bref, Digg reste unique en son genre. Moitié info, moitié réseau social. Mais si le modèle original continue a afficher de très bons chiffres d’audience[1], ses clones, eux, les fameux digg-like, qui se sont développés par milliers depuis 2005, ne se sont jamais très bien portés (à part quelques succès d’estime ponctuels et souvent éphémères). Certes l’original fait un carton aux USA et auprès d’une audience majoritairement anglophone, mais la recette n’a pas vraiment pris ailleurs, et je crois que nous pouvons dire maintenant après quatre années de recul qu’elle ne prendra jamais. Ou en tout cas pas sous la forme actuelle. RIP donc les digg-like.
Faut-il pour autant en déduire qu’il n’y a pas de place pour des sites de social news dans nos belles contrées ? Doucement camarades, je serais vous je n’irais pas si vite en besogne. Si la formule « pure digg-like » n’a pas d’avenir par ici, d’autres concepts ont fait leurs preuves chez nous, dont certains ont même connu un succès massif et rapide. Je pense notamment au Post.fr, qui – dans sa formule – est peut-être la meilleure incarnation de ce que peut être un site d’informations collaboratives intelligent à la française (je parle de la forme, le fond n’est pas le sujet), ou en tout cas adapté à notre façon de chercher et consommer de l’information. Pas vraiment un digg-like, mais qui en reprend quelques caractéristiques : contenu proposé par les internautes, propulsion en une des infos les plus « pertinentes » en fonction de critères établis sur différents paramètres édotoriaux (à cela près que sur Le Post ce n’est pas un algorithme mais la rédaction qui décide). Des pistes déjà explorées par le précurseur, Agoravox.

Des liens ou du contenu ?

Cela étant, il existe une différence fondamentale entre les deux sites mentionnés précédemment et Digg : au-delà du système de vote et des algorithmes sophistiqués qui décident de la pertinence d’une information chez Digg, Le Post et Agoravox proposent du contenu éditorial là ou Digg « ne » propose « que » des liens vers des sites externes, sur lesquels l’internaute est redirigé vers la source de l’information. Un créneau sur lequel Twitter s’est imposé maintenant avec force, puisque la veille et la diffusion de liens sont devenus l’un de ses principaux usages, à tel point que des sites spécialisés dans le filtrage des informations par nombre de tweets voient régulièrement le jour, comme l’un des derniers en date : TwitterTim.es. Le fameux temps réel avec en plus la possibilité de voter, un cocktail gagnant qui doit donner quelques sueurs froides à Kevin Rose (fondateur et boss de Digg).

Le tri de l’information : une question aussi technique qu’éditoriale

D’un côté donc, les sites d’information et médias classiques, d’un autre Twitter, et entre les deux, Digg, Le Post et autres TweetMeme, qui tentent de faire le tri dans la surabondance de liens diffusés chaque jour sur la toile. Jusque-là les choses étaient assez simples : un petit bouton de vote et hop c’étaient les lecteurs qui constituaient le comité de rédaction du site. C’est devenu un petit peu plus compliqué aujourd’hui. Ce qui nous amène à notre question du jour : qu’est-ce qu’un bon digg-like en 2009 ? Ou, pour élargir, quels seraient les critères qui permettraient de bâtir avec succès un site de social news pertinent ?
Afin d’avancer dans la réflexion, j’ai déjà listé quelques critères qui pourraient constituer l’ossature d’un algorithme de pertinence de l’information pour un futur « digg-like » (je mets des guillemets car cette dénomination est provisoire et dépassée). Vous verrez que ces derniers vont bien au-delà du simple système de vote, à mon sens aujourd’hui obsolète.
Pour offrir en une des infos attractives, un site de social news doit au moins prendre en compte les critères suivants :
1. Données quantitatives
  • nombre de votes
  • nombre de clics effectifs sur le lien
  • nombre de commentaires pour une news (sur le blog source et sur le digg-like)
  • nombre de backlinks vers cette news
  • nombre de tweets
  • nombre de RT
  • nombre de mentions et de commentaires dans Facebook
  • autre ?…
2. Données qualitatives
  • récence, fraîcheur de l’info
  • poids et influence de ceux qui sont à la source de l’info, la commentent ou font un lien vers elle
  • notion de confiance : en qui je fais confiance en temps que source ou relai d’information
  • personnalisation : la une n’est pas la même pour tout le monde
  • autre ?…
Hormis l’aspect général de cette réflexion, ces notions pourraient être prises en compte en vue d’une éventuelle refonte de Fuzz.fr, pour laquelle – si elle se fait – je pourrai m’inspirer de vos avis et suggestions afin essayer de faire quelque-chose de nouveau qui n’aurait probablement plus grand chose à voir avec la version actuelle.
S’il vous dit de participer à ce projet en apportant vos idées, elles sont les bienvenues.
J’en profite pour proposer un nouveau sondage (colonne de droite) sur Digg vs. Twitter.
[1]Digg recevrait environ 10 millions de visiteurs uniques par mois, mais un de ses dirigeants annonçait récemment une audience équivalente à celle de Twitter soit environ 50 millions, je ne retrouve plus la source.